LE FIGARO
le figaro samedi 17 janvier 2009
Une Ode à la Vie
THEATRE
Hasta la Vida Siempre, une pièce de Oscar Castro,
avec Oscar Castro, Sylvie Miqueu
et en alternance
Natacha Moyersoen, Anaï Alric
Bernard Eychenne, Christian Cobert
Durée 1 h. 30
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Décidément Oscar Castro et sa troupe du Théâtre Aleph ne laisseront de m’étonner. Son nouveau spectacle, Hasta la Vida Siempre (à la vie pour toujours) réunit cette fois beaucoup de qualités. Le titre faisait penser à ce militantisme de bon aloi que l’on affiche dans quelques cercles parisiens. Ces lieux où il est de bon ton de parler de liberté avant de parler de travail. Mais rien de tout cela. J’ai découvert une œuvre profondément humaniste et optimiste. Sous un aspect léger la pièce écrite par Oscar Castro nous confronte à toutes nos interrogations quant au devenir de notre civilisation face aux menaces sous jacentes issues de notre société déjà postindustrielle : la pollution, la surpopulation, les cataclysmes possibles. Face à cela : un couple aux prises avec ses désirs. Des désirs à contre emploi : le désir d’avoir un enfant, c’est lui qui l’a. La réflexion froide et réaliste c’est elle qui l’a. La mise en scène (encore d’Oscar Castro) n’est pas sans rappeler les thèmes chers à Grotowski. Un génie du théâtre dont on s’accorde à dire qu’avant lui personne n’avait étudié aussi |
profondément et complètement la nature du jeu de l’acteur, son phénomène, sa signification. (Vers un théâtre pauvre – Jerzy Grotowski – éd. L’âge d’Homme.) Sa méthode est fondée sur le fait que tout est concentré par une tension vers l’extrême, par un dépouillement constant, par la mise à nu de sa propre intimité… tout ceci sans égotisme ou auto délectation. Eh bien on en a une parfaite illustration dans Hasta la Vida Siempre lorsque Oscar effectue un extraordinaire strip-tease que l’on pourrait bien qualifier de grotowskien. Les chorégraphies de Sylvie Miqueu (aussi comédienne dans la pièce) donnent à cette création un côté aérien que vient souligner une musique judicieusement insérée dans le texte. C’est toute la magie du Théâtre Aleph qui navigue entre la grâce d’un théâtre libéré des contraintes du conventionnel et la disgrâce d’un monde tellement matérialiste. A noter l’étonnante et attachante performance de Bernard Eychenne et Christian Cobert qui se partagent en alternance le rôle de Bernardo (dans la pièce le meilleur ami d’ Alfredo ). En résumé, une pièce à conseiller à vos amis et même à vos ennemis car elle pourrait les rendre bons. Aldo Duchemin |