LA TERRASSE MARS 2008

Critique /
Hasta la vida siempre !

Le Théâtre Aleph présente sa nouvelle création en hommage au développement durable, à l’amour, aux enfants qu’il faut fabriquer malgré tout, aux amis et aux poèmes de Neruda : à la vie, toujours !

Pour assister aux spectacles du Théâtre Aleph, il faut prévoir de venir en avance et de rester au bar après la représentation ! Parce que le théâtre est partout, dans la débauche de punch et de chaleur humaine, dans les envolées tonitruantes et illuminées d’Oscar Castro qui arpente les lieux en robe de chambre, parce que, debout au bar ou assis aux tables on se met à parler avec tout le monde, même et peut-être surtout si on ne connaît personne, parce que les murs sont couverts d’une revue de presse fantaisiste épatante où Oscar Castro avoue son amitié pour Sarkozy qu’il appelle dans l’intimité « mon petit rat chaud », parce que tout cela possède un air génialement baroque de grand n’importe quoi, parce que les lieux respirent l’amitié et que cet effet-là est sacrément roboratif et consolant par les temps qui courent ! Le spectacle nouvellement écrit et mis en scène par Oscar Castro est à l’image du reste, rempli de fulgurances poétiques, de moments de pastiche amusants comme tout, d’exagération baroque, d’autodérision et d’humour qui obligent à la tendresse tant ce qui se passe là est du concentré de belle humanité.

 

Amours électroniques et poésie cosmique

 

Sur scène, Alfredo et Violeta (Oscar Castro et Sylvie Miqueu) découvrent l’amour via Internet. L’une prononce des conférences sur le réchauffement de la planète et console son pessimisme foncier en retrouvant tous les soirs les messages d’Alfredo qui emprunte son pseudonyme au vaillant Ulysse et son inspiration à Neruda qu’il pille allègrement pour séduire sa Pénélope électronique. Du bout des doigts, puis du coin des yeux, puis du fond du cœur, les deux tourtereaux finissent par roucouler tendrement, avec le projet de faire un enfant malgré l’état de la planète, la fonte des glaciers et la destruction des forêts millénaires. En soi, force est d’admettre que le drame est mince, mais peu importe finalement, car l’essentiel est dans la poésie qui se dégage de l’ensemble, dans les conversations formidables qu’Alfredo a avec les arbres (notamment le platane de la rue Fuentes), avec les marteaux et avec Dieu, dans les envolées lyriques face à la mer et dans l’abattage formidable d’une troupe qui fait du théâtre comme on respire : pour demeurer vivant !

 

Catherine Robert

 

http://www.journal-laterrasse.fr/Hasta-la-vida-siempre---1-2406.html

 

 



05/03/2008
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